En 2017, Invenio recevait un Sival de bronze pour son innovation « Biopose ». Cette technologie brevetée permet le largage par drone d’anneaux de confusion sexuelle. Ce procédé de biocontrôle diffuse dans l’air la phéromone émise par les femelles pour attirer les mâles. Lorsque l’atmosphère est saturée, les mâles ne trouvent plus les femelles, interrompant ainsi la reproduction. Le cycle des bioagresseurs est rompu et les populations se régulent naturellement.
Si cette méthode est courante dans les vergers de pommiers, elle reste difficile à appliquer sur les arbres de grande hauteur. En effet, l’efficacité dépend de la pose des anneaux émetteurs dans le tiers supérieur de la canopée. Pour répondre à cette contrainte, notamment sur noyers (carpocapse), châtaigniers (carpocapse) ou arbres forestiers (chenilles processionnaires), Invenio a conçu il y a neuf ans la solution Biopose.
Cette approche a démontré toute son efficacité lorsque le vol et le largage des anneaux sont réalisés à vue : le pilote contrôle le drone et déclenche le largage au sommet des arbres.
Cependant, la méthode devient inopérante lorsque le drone n’est plus visible, comme en châtaigneraie ou en forêt, en raison de la densité du feuillage et du relief accidenté.
Après plusieurs années d’expérimentation de caméras et d’émetteurs pour obtenir un retour visuel, une avancée technologique majeure a été atteinte grâce à la collaboration avec la société Agrodrone. C’est cette nouvelle solution qui est présentée au concours de l’innovation.

Le principe repose sur l’utilisation de deux drones. Le premier, un DJI Mavic, réalise une orthophoto et une modélisation 3D de la parcelle. Grâce à l’intelligence artificielle, il identifie les points optimaux de largage : la branche la plus favorable au sommet de chaque arbre pour maximiser l’accroche de l’anneau. Un plan de vol optimisé est ensuite généré, tenant compte de la charge maximale du drone (120 anneaux, soit trois fois plus que la version précédente). Ce plan est transmis à un second drone qui effectue le largage automatique.
Cette étape a nécessité de contourner les limites des drones du commerce, dont les commandes de vol sont verrouillées. L’équipe a conçu un drone et y a intégré un contrôleur open source. Ce système hautement paramétrable permet la planification de missions automatisées et la programmation de fonctions spécifiques via des scripts. Un programme de vol autonome (largage automatique) et semi-autonome (pilotage assisté) a été développé et intégré au contrôleur.
La combinaison de ces technologies offre aujourd’hui une solution opérationnelle pour tous types de vergers et forêts. Le temps de pose est divisé par trois, rendant la méthode économiquement viable (moins de 100 €/ha). Pour renforcer cette accessibilité, Agrodrone propose son outil « Agrodrone Planner » (https://agrodrone.fr/agrodrone-planner/), qui permet de mutualiser les demandes régionales et d’optimiser les coûts de prestation.